Quelle diversification pour ma ferme ?

La diversification des fermes, de quoi parle-t-on exactement ?

Pour une entreprise, la diversification se définit comme l’élargissement de la gamme de ses produits et de ses client∙e∙s pour se développer et/ou pour se protéger des aléas de son activité principale.

Au sein d’une ferme, la diversification représente ainsi les activités lucratives, indissociables de l’exploitation, réalisées avec les moyens humains, patrimoniaux et matériels de celle-ci.  En 2020, on estime qu’une ferme sur trois est diversifiée en Wallonie.

On distingue deux formes de diversification dans les fermes :

• la diversification agricole : mise en place d’une spécificité ou une nouvelle filière au niveau de la culture ou de l’élevage de la ferme
• la diversification para-agricole : développement d’activités non-agricoles basées sur la ferme et exercées par les personnes liées à la ferme, en nom propre ou via une entité juridique distincte.

En Wallonie, les activités les plus courantes sont la commercialisation en circuits courts, les travaux à façon (agricoles ou non) et la transformation alimentaire des produits.

Cette fiche a été réalisée à la suite d'un webinaire qui portait sur la même thématique et qui est disponible sur Youtube :

Accueil Champêtre en Wallonie, une structure d’encadrement

L’ASBL Accueil Champêtre en Wallonie (ACW) accompagne les agriculteur∙rice∙s, artisan∙e∙s et les ruraux pour leurs projets de diversification portant sur l’accueil à la ferme et à la campagne.

Les grandes catégories de diversification qui sont encadrées par l'association sont :

• Les hébergements touristiques de terroir ;
• La transformation alimentaire et la commercialisation en circuits courts ;
• Les activités pédagogiques à la ferme ;
• Les activités de loisirs.

Les hébergements touristiques de terroir

Les chambres d’hôtes, gîtes, campings à la ferme, logements insolites, font partie des hébergements touristiques de terroir. Environ 6 000 logements touristiques ruraux sont recensés en Wallonie, en plus des hôtels et campings.

Malgré une concurrence existante, ce type de diversification reste attractif, notamment grâce à une demande forte pour le tourisme durable et slow-tourisme. Au-delà de la location en tant que telle, cette diversification permet de tisser du lien avec les touristes, valoriser le bâti existant, ou encore les espaces non-utilisés sur la ferme.

Les gîtes et chambres d’hôtes

La distinction entre gite et chambre d’hôtes s’établit principalement via leur localisation : le gîte est une location indépendante de la ferme, tandis que la chambre d’hôtes se situe au sein de l'habitation.

Avant de se lancer, l’agriculteur·rice doit s’assurer d’avoir en sa possession les documents légaux suivants :

• Permis d’urbanisme
• Attestation de sécurité-incendie
• Déclaration d’exploitation

Une demande de reconnaissance auprès du Secrétariat Général au Tourisme peut également être demandée. Elle donne accès à une dénomination protégée (gîte à la ferme, chambre d’hôte à la ferme) et des avantages divers, avec notamment des subsides pour les aménagements de mise aux normes incendie, référencements auprès d’opérateurs, à l’Outil Régional de Commercialisation donnant accès à la réservation en ligne gratuite, ...

Camping à la ferme

Le camping à la ferme est une modalité d’hébergement peu présente sur le territoire et est pourtant fort demandée. Elle peut prendre la forme d’hébergements insolites et de glamping (une nouvelle tendance du tourisme de plein air qui allie confort et respect de l’environnement et joue la carte de l’atypique).

Accueil Champêtre en Wallonie présente dans cette infographie, tout ce qu’il faut savoir pour ouvrir un camping à la ferme.

Maximum trois aires de stationnement sont autorisées sur simple demande à la commune. Au-delà de ce nombre, la règlementation des campings est d'application.

La transformation alimentaire et la commercialisation en circuits courts

Dans la commercialisation en circuit court, maximum un intermédiaire intervient entre la production et la consommation des produits agricoles ou horticoles, bruts ou transformés.

Elle peut prendre différentes formes  :

Un projet de transformation alimentaire peut être conditionné à un accès à la profession (pour la transformation de viande par exemple) et doit souvent s’accompagner d’un changement de codes d’activités à la BCE ou de l’ouverture d’un numéro d’entreprise. Un questionnement se pose également pour le statut de déclaration des revenus. Notamment, l’activité de transformation ne peut pas être reprise dans une ferme au forfait et doit alors s’accompagner d’une demande de dérogation spécifique.

La transformation à la ferme est principalement encadrée par DiversiFerm, ACW étant partenaire pour les aspects administratifs et de structuration de projets.

Pour des projets qui sortent de l’ordinaire et innovants, un accompagnement spécifique est mis en place par Agri-innovation.

 La diversification par la pédagogie

La diversification par la pédagogie remplit plusieurs objectifs :

• la découverte de l’agriculture en Wallonie
• la découverte du métier d’agriculteur et d’agricultrice
• la sensibilisation à la nature et à l’environnement
• la mise en évidence du lien entre la production agricole et l’alimentation quotidienne

Les enfants, mais également les familles dans leur ensemble, sont, en fonction de l'activité, les publics ciblés. Car les activités peuvent être de différentes nature :

• l’accueil de classes, allant d’une demi-journée à quelques jours pour des formats « classes vertes » pouvant alors impliquer le gîte et les repas
• l’accueil extra-scolaire, via l’organisation d’anniversaires à la ferme ou de stages durant les vacances scolaires (en internat ou externat)

Différentes appellations se côtoient :

• ferme pédagogique : appellation reconnue par la Région Wallonne, liée à un cahier des charges spécifique. Une autorisation est donc nécessaire pour utiliser cette dénomination.
• ferme d’accueil d’enfants : il s’agit d’une ferme qui accueille, sans être reconnue par la Région Wallonne.
• ferme d’animation : des personnes qui n’ont pas le statut d’agriculteur réalisent des animations avec des animaux, chevaux, etc. mais sans avoir d’activité agricole sur ce lieu.

La diversification par les loisirs

Les différentes activités de loisirs qui peuvent être organisées sur la ferme sont les suivantes :

Golf champêtre

Le golf champêtre se base sur le même principe que le golf traditionnel, avec des balles en cuir et des maillets en bois. Peu chère et facile à mettre en place, cette activité se révèle particulièrement attractive en étant couplée à l’accueil ou l’hébergement à la ferme. Elle peut également être proposée dans le cadre de teambuilding ou de mise au vert d’entreprises.

Initiatives insolites

Il s’agit par exemple de marcher à pieds nus dans un sentier de 2 ou 3 km autour de la ferme, dans différentes matières (copeaux de bois, tronc d’arbre, herbe, foin, boue…). Ce type d’activité s’associe facilement à une activité de petite restauration ou un magasin à la ferme.

Accueil des cyclotouristes

Le label « Bienvenue Vélo » a pour but de mettre en évidence des lieux où les cyclistes peuvent remplir leurs gourdes et ont accès à un local sécurisé, des outils de réparation, … Facile à obtenir, ce label permet à la ferme d’être référencé dans les cartes Ravel et Routes vélo. Il offre donc une visibilité particulièrement bénéfique pour les hébergements, magasins ou encore restaurants à la ferme.

La diversification par l’accueil social

Au départ d’un projet développé par ACW, l’accueil social à la ferme consiste en une alliance entre un∙e agriculteur∙rice, une structure sociale ou de santé et une personne accueillie, souvent en recherche d’une pause, d’un rythme de vie, d’autonomisation, de confiance, … Le service d’accompagnement met en relation l’agriculteur∙rice et la personne accueillie.

Ce type de diversification n’a pas d’objectif lucratif.

Pour se lancer, par où commencer ?

Diversifier ses activités permet de s’affranchir du marché global et de certaines aides, mais aussi de se réapproprier un prix juste pour sa production ou pour son activité de diversification.

C’est pourquoi ACW recommande à l’agriculteur·ice d’élaborer le business plan du projet, afin de le structurer et d’analyser sa viabilité financière.

Les questions importantes à se poser avant de commencer :

• Des questions matérielles : ais-je déjà un bâtiment/un atelier à disposition ou dois-je le mettre en place ? Quelle est sa situation ? De quel matériel aurais-je besoin ?
• Des questions personnelles : les motivations initiales, objectifs visés, le temps que je peux y consacrer, est-ce que d’autres personnes doivent revenir sur la ferme, quelles sont les compétences à développer, quelles conséquences sur l’organisation familiale…
• Le point sur la commercialisation : vente à d’autres professionnel·le·s ou aux consommateur·rice·s, en ligne ou en magasin, sous un statut d’une société ou personne physique…
• Le point sur les obligations légales, sur des sujets tels que l’hygiène, la fiscalité, la comptabilité, la TVA, les permis, l’accès à la profession …
• L’aspect économique de l’activité : calculer un prix revient et un prix de vente, estimer les investissements nécessaires et les financements possibles, sur fonds propres ou non, l’accès possible à des primes…

Quelle rentabilité ?

Une activité rentable permet de payer les charges fixes et variables liées à l’activité, en ce y compris le temps de travail du porteur de projet. Ce temps de travail doit être inclus dans le calcul du prix revient.

Une activité est donc jugée rentable si les charges sont couvertes et qu’elle permet de générer un profit. Ce profit pourra servir en cas d’aléas lié à l’activité, être réinvesti, ou générer un revenu supplémentaire sur la ferme.

Le choix du prix de vente se base principalement sur base du prix de revient, et pas forcément (ou pas uniquement) sur base de ce qui est observé aux alentours de la ferme ou sur le marché global, sans tenir compte du prix de revient.

Communiquer sur son projet

La communication joue un rôle non négligeable dans une activité de diversification. En parallèle de la mise en place des activités de diversification, elle est nécessaire pour attirer son public cible et faire connaître ses activités.

Trucs et astuces d’une bonne communication :

• des photos de qualité
• un site internet, responsive (lisible sur tout support), avec des informations claires et des onglets simples, pour ne pas se perdre
• des petits gestes : un nom parlant, un logo, une adresse mail et signature mail professionnelles…

La communication va rendre attractif le parcours client de votre ferme, allant de l’art de susciter l’intérêt, en passant par un descriptif clair des activités, un accueil chaleureux et bienveillant et une fidélisation du client.

En conclusion

La diversification à la ferme prend de nombreuses formes, et permet de générer un revenu supplémentaire pour autant que la ou les activités aient été pensées de manière structurée (business plan), et que toutes les garanties aient été prises (demandes officielles, accès à la profession…).

Des organismes sont là pour vous accompagner et répondre à vos questions :

• Accueil Champêtre en Wallonie pour les projets de diversification portant sur l’accueil à la ferme et à la campagne.

• Diversiferm pour la transformation à la ferme.

• Agri-Innovation pour les projets innovants.