Potentiel des intercultures hivernales longues pour rencontrer le « hungry gap » des oiseaux granivores en Wallonie
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Auteurs : Arnaud Laudelout (AVES-Natagora) et Thierri Walot (UCL-ELIA), version décembre 2022
Contexte : besoin écologique
De longue date, la littérature ornithologique a mis en évidence que la survie des oiseaux granivores hivernant dans les milieux agricoles était particulièrement difficile, et qu’il s’agit d’un des éléments déterminants dans l’évolution des populations (voir p.ex. Siriwardena (2008)).
Jadis, les oiseaux agricoles dépendaient principalement des chaumes de céréales à paille pour s’alimenter, en mettant à profit les restes des moissons et les graines des plantes adventices. Mais dans l’environnement agricole actuel en hiver (CIPANS, jeunes céréales d’hiver, labours), il leur est particulièrement difficile de s’alimenter en dehors des aménagements visant la production de graines et réalisés à leur intention par les agriculteurs.
C’est principalement au cœur de l’hiver, lorsque les températures plongent, que les besoins énergétiques des oiseaux sont les plus importants et que la nourriture a le plus de risque de faire défaut. Le déficit structurel en aménagements dédiés à la production de graines1 conduit à une sur-sollicitation des aménagements existants. En outre, la quantité de graines disponibles est aussi réduite par les difficultés de conserver des graines tard en hiver (germination, pourriture, etc.).
Cette note a pour objet de :
- Synthétiser les quelques éléments disponibles sur l’avifaune des couverts hivernaux ;
- Mettre en évidence les situations propices au développement de ceux qui sont attractifs pour les oiseaux en recherche d’alimentation à cette saison ;
- Identifier les techniques devant être mises en œuvre pour réaliser ces couverts.
Les intercultures actuelles et l'avifaune
Il existe un large consensus parmi les ornithologues européens quant au peu d’attrait de ces couverts pour l’avifaune. Si l’on s’en tient aux exigences règlementaires minimales, la raison de leur faible attrait est que ces couverts n’ont pas le temps de monter en graines, élément crucial pour les rendre attractifs pour l’avifaune. Néanmoins, très peu de littérature existe sur ce sujet. S’ils deviennent attractifs, leur destruction brutale lorsque la saison est défavorable est un autre écueil possible avec, dans ce cas, un grand risque « d’effet de piège » laissant les oiseaux sans aucune ressource à ce moment.
La figure 1 synthétise les résultats obtenus lors d’inventaires hivernaux dans différents types de couverts en Pologne (Golawski &al, 2013). Sans surprise, on remarque que les chaumes constituent l’habitat le plus attractif, ce qui n’est guère surprenant puisque de nombreuses études ont déjà montré leur intérêt pour l’avifaune hivernante. Les couverts hivernaux à base d’avoine et de seigle ont un attrait proche de celui des chaumes. Les auteurs mentionnent que l’attractivité de ces couverts est conditionnée à la présence de plages d’avoine ayant fructifié, susceptibles d’attirer de gros groupes de Bruants jaunes. Les trois autres types d’habitat constituent des habitats moins recherchés par l’avifaune, de par l’absence ou la quasi absence de ressources alimentaires.
Le tableau 1 montre les résultats sur les 4 espèces les plus abondantes dans l’étude citée, qui sont également présentes en Wallonie et pouvant par ailleurs être considérées comme des espèces cibles prioritaires pour l’alimentation hivernale.
Le Bruant proyer et le Bruant jaune montrent des abondances plus élevées dans les couverts hivernaux à base d’avoine et de seigle et dans les chaumes de céréales. Les trois autres types d’habitat sont peu ou pas utilisés.
Le Moineau friquet montre des densités plus élevées dans les chaumes de céréales. Pour cette espèce, les céréales d’hiver et les couverts hivernaux à base d’avoine et de seigle sont peu utilisés. Les couverts à base de moutarde et les champs labourés ne sont pas utilisés.
La Perdrix grise est présente dans les 5 types d’habitats. Elle se trouve toutefois à des densités deux à trois fois supérieures dans les couverts à base d’avoine et de seigle que dans les autres types d’habitat.
Espèce | avoine/seigle | moutarde | Chaumes de céréales | Céréales d'hiver | Champ labouré |
Bruant proyer | 5,34 | 0,00 | 5,31 | 0,91 | 0,00 |
Bruant jaune | 13,59 | 0,19 | 12,13 | 0,02 | 0,27 |
Moineau friquet | 1,43 | 0,00 | 7,86 | 0,88 | 0,00 |
Perdrix grise | 1,16 | 0,52 | 0,42 | 0,35 | 0,67 |
Quelques autres éléments plus ponctuels méritent également d’être cités.
Outre l’avoine, quelques autres plantes sont susceptibles de produire des graines consommables par les oiseaux en hiver, dans des conditions de semis hâtif et de levée rapide (début juillet comme l’avoine). C’est notamment le cas du tournesol et du radis fourrager et, sans doute, le sarrasin. Le tournesol est très attractif pour de nombreuses espèces, (e.a. Chardonneret, Verdier, Pinson du Nord, …) mais peu pour les bruants et les autres espèces patrimoniales. Le chou semble attirer les Linottes mélodieuses, comme d’ailleurs les moutardes lorsqu’elles sont laissées au champ plus longtemps et qu’elles ont l’occasion de fructifier. Certains couverts mélangés combinant notamment tournesols et radis, utilisés comme couverture du sol longue peuvent être très attractifs pour les passereaux lorsqu’ils sont implantés précocement et maintenus tard dans l’hiver.
Le Pipit farlouse est régulièrement observé en hiver dans les prairies et les terres cultivées. On peut l’observer dans divers types de classiques, y compris dans les à base d’avoine mais aussi dans des parcelles de céréales d’hiver. L’espèce ne semble pas dépendante des graines pour son alimentation et ses préférences vis-à-vis des divers types de couverts n’ont jamais été étudiées.
Enfin, lors de leur destruction mécanique, les couverts hivernaux attirent souvent les rapaces des environs (Buse variable, Faucon crécerelle, Busard Saint Martin, …). Opportunistes, ces oiseaux profitent de l’aubaine et du dérangement des rongeurs. Il arrive aussi de découvrir des groupes de passereaux dans les couverts récemment détruit, sans doute attirés par des graines étant restées au sol et rendues disponibles suite à la disparition du couvert.
En Flandre des essais concluants ont eu lieu il y a près de 10 ans dans la région d’Ypres, Poperinge, Veurne notamment et ont montré que l’utilisation d’avoine brésilienne, aussi appelée avoine rude (appelée avoine japonaise, japanse haver – avena strigosa - en Flandre) semée en été donnait de bons résultats pour fournir des graines en fin d’hiver (Coelembier &al (2015)). Dans ce contexte, le semis de 50kg/ha était fait avant le 1er septembre et la culture conservée jusqu’au 1er mars au moins, sur des parcelles proches de haies ou buissons.
Un attrait particulier des graines d’avoine pour des espèces patrimoniales comme le bruant jaune ou le moineau friquet2 a été mis en évidence. En outre, les espèces moins désirables que sont les corvidés ou le pigeon ramier sont très peu attirées par l’avoine car elles sont incapables d’en décortiquer efficacement les graines.
Le projet est mené par la province de Flandre occidentale et d’autres partenaires et se poursuit encore actuellement (voir ci-dessus extrait du Nieuwsblad, 16 décembre 2021). Lors de l’hiver 2021-2022, un peu moins de 80 ha ont été concernés par le projet. Cette solution a aussi été mise en œuvre dans le cadre du projet interreg TEC récemment terminé, entre la Flandre, la France et la Wallonie dans le cadre d’actions en faveur du bruant jaune. Dochy (2018b) . Avec maintenant dix années de recul, d’autres éléments utiles peuvent être soulignés :
- Le choix de la variété d’avoine influence la production de graines (variétés plus ou moins précoces, résistantes au gel ou capables de produire des graines en conditions hivernales).
- Dans le contexte tempéré de la Flandre occidentale, seule les parcelles semées avant le 10 août sont susceptibles de produire des graines. Un léger avancement de la date de semis est souhaitable pour améliorer la réussite de la culture.
Les différences climatiques annuelles impactent la réussite des parcelles, ainsi la météo chaotique de l’été 2021 a mené à un taux de succès très décevant.
Vers une proposition adaptée au contexte wallon
Après consultation de Protecteau qui poursuit des recherches approfondies en matière d’intercultures et particulièrement des avantages et inconvénients agronomiques et de protection des eaux souterraines de nombreuses couvertures diversifiées il est ressorti que (Marc De Toffoli, com.pers.) :
- L’avoine brésilienne a un cycle un peu plus long pour la production de graines que l’avoine blanche ;
- La probabilité de produire des graines consommables par les oiseaux (stade estimé : pâteux dur) que ce soit d’avoine brésilienne ou blanche en Wallonie pour un semis après le 15 juillet en conditions satisfaisantes d’humidité au semis est quasi nulle ; C’est possible en Flandre sur des sols sableux et avec un climat sensiblement plus doux.
Plusieurs essais ont été menés dans le cadre du projet en faveur des oiseaux des champs à Perwez avec les résultats suivants (semis côte à côte d’avoine blanche 90kg/ha et d’avoine brésilienne 50kg/ha, chaque fois 20 ares en mélange avec du tournesol).
Mélange à base d’avoine blanche semé début juillet 2019, photo novembre 2019, Perwez.
La parcelle a été fréquentée par des bruants proyers et bruants des roseaux jusqu’en mars.
Année/mélange | Dates semis précédent | Résultats |
2019 | Semis après pois le 12 juillet Semis après froment 10 août | Production abondante de graines d’avoine blanche, pas de graines d’avoine brésilienne. Bruants proyers et Bruant des roseaux présents en février. Pas graines d’aucune des deux avoines, ni du tournesol |
2020 | Semis après pois, semis retardé fin juillet | Peu de graines d’avoine blanche mûres |
2021 | Pas de semis possible avant le mois d’août , humidité excessive | - |
D’autres essais réalisés notamment dans le cadre du projet pilotes d’amélioration de l’habitat des oiseaux des champs dans la Burdinale avec l’appui de la cellule scientifique de Protect’eau (Marc De Toffoli) ont permis confirmer les résultats des premiers tests:
- Les parcelles d’avoine sur pied permettent d’alimenter les espèces cibles en fin d’hiver – février et début mars en l’occurrence – et ont le potentiel de complémenter la nourriture proposée par les couverts nourriciers des bandes et parcelles aménagées MC7, MC8 et MB6 (variante. céréales sur pied).
- En Wallonie, la possibilité de produire des graines d’avoine blanche consommables par les oiseaux (« stade pâteux dur probablement ») en hiver est réaliste sous réserve d’un semis le 15 juillet au plus tard, soit après pois ou escourgeon. Une condition supplémentaire est une levée rapide et donc l’absence d’une sécheresse marquée à cette période avec au besoin le recours à une technique de semis adaptée (roulage ou autre).
- Il est possible de réaliser à ce moment le semis d’un mélange contentant de l’avoine blanche et correspondant aux obligations légales de couverture du sol au sens de la directive nitrate et des SIE . Il y a un risque très limité de produire des graines viables dans la culture subséquente. En cas d’usage d’un mélange d’avoine et de tournesol, on veillera à maintenir une densité très faible en tournesol (1 ou 2 pieds au m²) pour que celui-ci n’hypothèque le développement de l’avoine et pour éviter la création d’une strate dense de tournesol pouvant réduire l’accessibilité de l’avoine pour les passereaux.
- Des semis d’un mélange d’avoine et de radis fourrager sont également envisageables, toutefois la propension du radis fourrager à se resemer spontanément conduit à restreindre l’usage de ces mélanges aux seules parcelles engagées dans le programme . En outre, la composition du mélange à semer reste à préciser.
- il est indispensable de maintenir ces couverts jusqu’en fin d’hiver, d’une part parce qu’ils requièrent un certain temps pour atteindre un niveau suffisant de maturation, d’autre part parce que ce n’est qu’à ces conditions qu’on évite l’effet « piège » évoqué plus haut et qu’ils sont vraiment utiles pour mieux répondre au problème du » hungry gap ».
Enfin, il faut aussi avoir à l’esprit les deux éléments suivants dont le premier est un frein important et le second une opportunité possible au développement de couverts longs produisant des graines :
- Beaucoup d’agriculteurs sont très frileux vis-à-vis des couverts longs qui constituent une prise de risque (rendement des cultures ultérieures pouvant être affecté, conditions de travail, crainte de « salissement », « pressions » de contractants avant certaines cultures légumières, …) et apparaît comme une régression agronomique pour beaucoup. C’est en outre une réelle situation d’inconfort et de stress relative aux conditions de travail des sols en fin d’hiver que lève le labour d’automne.
- Les agriculteurs pratiquant le travail simplifié sont de leur côté adeptes de ces couvertures longues. Ce sont peut-être les meilleures « portes d’entrées » pour promouvoir la production de graines consommables par les oiseaux dans les couverts hivernaux.
Considérations finales
Il est fortement recommandable de poursuivre la promotion de la mise en place de couverts longs à base d’avoine blanche comme outil complémentaire à l’agroenvironnement. En effet, dans les conditions de semis avant le 15 juillet, ces couverts peuvent jouer un rôle important pour l’alimentation des oiseaux granivores, à une période où les ressources alimentaires du programme ont déjà été très sollicitées. Cette proposition permet d’obtenir la meilleure production de graines possible sur base de cahiers des charges simples, dont la réussite ne dépend pas des mêmes variables climatiques et agronomiques que celle des aménagements agroenvironnementaux actuels.
Quelques milliers d’hectares de ce type de couvert chaque année donneraient une chance de plus d’agir fortement sur le facteur limitant que constitue la disponibilité en graines en fin d’hiver. D’autres pistes permettant de rencontrer les besoins alimentaires des passereaux granivores mériteraient également d’être testées en Wallonie. Elles sont présentées en annexe.
Pour mémoire une valeur objectif de 1 à 2% des terres arables affectée à la production de graines pour les oiseaux en hiver est retenue au RU - 4 à 8000 ha si on transpose ces chiffres à l’échelle des terres arables wallonnes. Quelques milliers d’hectares d’avoine disponible en fin d’hiver chaque année après les 10 000 ha de pois et 25 000d’escourgeon permettrait d’y contribuer de manière importante, en complétant les aménagements agroenvironnementaux qui représentent au plus 2000ha3 plus ou moins réussis aujourd’hui (MAEC6, 7 et 8 dédiées).
Les couverts hivernaux longs, productifs – poussant tout l’hiver- offrent un grand intérêt pour conserver la matière organique du sol, protéger les sols contre le ruissellement et aussi limiter les pertes de nitrates vers les nappes phréatiques pendant les hivers doux, de plus en plus fréquents. L’incitation à leur utilisation devrait être particulièrement d’actualité à partir de 2023, notamment dans le cadre de de la mise en œuvre de la « sol » et de l’écorégime « couverture du sol », qui entrent en application. La dissémination de ce nouveau concept de couvert hivernal requerra une bonne coordination entre les organismes engagés dans la promotion des couverts hivernaux et les acteurs de l’agroenvironnement.
Références
Coelembier D., Korneel C. et Depoortere M. (2015). Japanse haver goed voor bodem en vogel. 5p. (Regionaal Landschap Ijzer&Polder, West-Vlaaamse Heuvels Regionaal Landschap et VLM).
Dochy O.(2018).Ervaringen met de bescherming van de Geelgors in West-Vlaanderen. Natuur.Oriolus, 84. 30-38. https://www.researchgate.net/publication/335032574_Ervaringen_met_de_bescherming_van_de_Geelgors_in_West-Vlaanderen
Dochy O. (2018b). Le Bruant jaune. Plan d’actions transfrontalier – projet TEC !. https://fr.calameo.com/read/00534402701dd5b052c5b
Goławski, A., Kasprzykowski, Z., Jobda, M., & Duer, I. (2013). The importance of winter catch crops compared with other farmland habitats to birds wintering in Poland. Pol. J. Ecol, 61(2), 357-364.
Siriwardena, G.M., Calbrade, N.A. and Vickery, J.A. (2008). Farmland birds and late winter food: does seed supply fail to meet demand?. Ibis, 150: 585-595. https://doi.org/10.1111/j.1474-919X.2008.00828.x
Et aussi https://www.bto.org/sites/default/files/u8/downloads/hungry-gap.pdf
Annexes
D’autres voies envisagées pour l’amélioration des en faveur des oiseaux des champs et limiter le « hungry gap ».
- Le recours au triticale comme alternative au froment – ou en mélange avec du froment - devrait être préconisé dans une partie des aménagements nourriciers. Plus frugal, sa culture semble mieux adaptée aux conditions de sol rencontrées dans les bandes aménagées. La graine tient sur l’épi tout l’hiver (Siriwardena et al., 2008)4, mais a hélas tendance à germer sur pied (cf. nombreuses observations de terrain et critères agronomiques techniques décrivant les caractéristiques des variétés). Son utilisation est promue depuis plusieurs années dans les « mélanges faune » des MC7 et 8 en Wallonie, pur et en combinaison avec d’autres espèces de céréales à paille et autres. Cependant, les variétés de printemps notamment avec une propension faible à germer sur pied sont peu nombreuses et semblent difficilement disponibles en Wallonie.
- Le choix de variétés de céréales qui retiennent leurs graines tard et dans le meilleur état possible, avec l’avancement de la mauvaise saison (le moins possible de chute au sol et de germination sur pied) est un champ de recherche prometteur mais complexe, tant pour le froment que pour le triticale. Il existe en effet une grande variabilité entre les diverses variétés de céréales, et certains sont plus aptes que d’autres à remplir l’objectif d’être toujours en état d’être consommées par les oiseaux en fin d’hiver. Outre l’identification des variétés les plus adaptées (tenue des graines sur la plante, tendance la plus faible à la verse, rusticité et faible tendance à la germination sur pied, résistance à la pourriture) pour les céréales utilisées dans les mélanges destinés à ne pas être récoltés, il reste à s’assurer après cela que les variétés recommandées et mélanges les contenant soient disponibles dans le commerce. De premiers tests ont été fait par Natagriwal en 20155. Leurs résultats sont insuffisamment exploités, ils devraient certainement être mis à jour et sans doute complétés sur base de données techniques relatives aux variétés disponibles, élargis et leurs résultats effectivement intégrés dans les semis de bandes et parcelles aménagées dans toute la mesure du possible (en particulier lors du recours à des mélanges, à établir en dialogue avec des semenciers).
- Les bandes et parcelles aménagées devraient comprendre une variante de calendrier des opérations où le semis estival de l’avoine – en mélange avec le tournesol et/ou le radis par exemple – serait pratiqué, sous réserve que la destruction du couvert précédent n’hypothèque pas la réussite éventuelle de nidifications. En outre, l’usage de semis d’avoine doit s’envisager en seconde chance, en cas d’échec d’un semis de printemps sur une bande ou une parcelle aménagée.
- Pour amener des graines pendant la période cruciale, et à partir de 2013, le programme agroenvironemental anglais prévoyait la possibilité d’agrainage des oiseaux (« supplementary feedings in the second half of the winter ») selon des modalités bien définies. Pour plus de détail voir la « mesure AB12 » : Supplementary winter feeding for farmland birds du programme anglais6. Cette option des MAE anglaises n’était accessible que pour autant qu’une mesure analogue à nos « bande faune » (cultures non récoltées mélangées pour la faune) soit aussi présente sur la ferme.
Cette solution est considérée comme non appropriée dans notre contexte eu égard à son caractère totalement artificiel et nécessitant des interventions de terrain dans des conditions les rendant difficiles et même hypothétiques. Elle ne pourrait être envisagée éventuellement que dans le cas d’espèces proches de l’extinction. Elle a par ailleurs été pratiquée quelques années en faveur du bruant proyer en Flandre où l’espèce bénéficie de ce statut peu enviable.
- Une autre solution mise en avant plus récemment au RU constitue à laisser grainer du ray-grass en limitant les coupes à partir de la fin mai ou de la fin juin, selon la variété concernée. Dès 2011, Buckingham et al. montrent l’intérêt de cette manière de produire des graines pour les passereaux à la mauvaise saison7 . Selon Johnstone et al (2019)8 et comme suite à une expérimentation de terrain, les grains de RG tombent fort peu au sol et cette solution est très efficace. Elle complète celle des cultures mélangées ou pures non récoltées pour accroître la probabilité de disponibilité au moment le plus difficile de l’hiver. Le RSPB détaille l’expérimentation menée qui démontre l’intérêt pour le bruant jaune et le bruant des roseaux9. Ce type d’aménagement pourrait être mis en œuvre notamment dans les zones d’élevage et mixtes d’élevage-cultures, plus ou moins bocagère, où le bruant jaune est encore relativement abondant.
Quelques photos
- Pour mémoire une valeur minimale objectif de 1% est à retenir en fonction de la littérature disponible (voir page 6 de ce document).
- « Uiteindelijk werd van november tot maart een grote verscheidenheid aan kleine zaadetende vogels genoteerd op de percelen Japanse haver: geelgors, rietgors, grauwe gors, ringmus, vink en groenling deden zich te goed aan het zaad. Ook patrijs en fazant pikten een graantje mee en zochten vaak dekking in het hogere gewas. Vooral onze doelsoort geelgors bleek in grote aantallen aanwezig te zijn op de percelen. Maxima werden genoteerd eind januari begin februari. Zo was een perceel te Watou op 22/01/2015 goed voor naar schatting 120 exemplaren en een perceel te Alveringem op 12/02/2015 goed voor maar liefst 143 geelgorzen.”
- Dont une part maximale de 500ha est susceptible de produire des graines en quantités pour l’hiver.
- Siriwardena, G.M., Calbrade, N.A. and Vickery, J.A. (2008). Farmland birds and late winter food: does seed supply fail to meet demand?. Ibis, 150: 585-595. https://doi.org/10.1111/j.1474-919X.2008.00828.x
- 2016, Essais sur variétés céréalières, Natagriwal
- Supplementary winter feeding for farmland birds
- D.L. Buckingham, S. Bentley, S. Dodd, W.J. Peach, 2011. Seeded ryegrass swards allow granivorous birds to winter in agriculturally improved grassland landscapes, Agriculture, Ecosystems & Environment, Volume 142, Issues 3–4.
- Johnstone, Ian & Dodd, Steve & Peach, Will. (2019). Seeded ryegrass fills the late winter 'hungry gap' but fails to enhance local population size of seed-eating farmland birds. Agriculture Ecosystems & Environment. 285. 10.1016/j.agee.2019.106619
- Does seeding ryegrass fill the late-winter "hungry gap" for yellowhammers ?