Table des matières

Content Toc

Introduction

La valeur nutritive des fourrages n’est pas constante : elle varie selon le type de sol, la composition floristique, la gestion de la prairie et le mode de conservation. L’analyse de fourrage constitue donc une étape indispensable dans la conception d’une ration bien équilibrée. A plus long terme, ces analyses permettent de valider (ou non) les pratiques mises en œuvre pour la production fourragère. En cas de résultats décevants, le choix des variétés, la fertilisation, le mode de récolte ou de conservation pourront être adaptés afin de mieux répondre aux besoins du troupeau.

Au niveau économique, améliorer la qualité de ses fourrages permet de limiter le recours aux aliments achetés (tourteaux de soja ou autres) dont la production et/ou l’importation est par ailleurs souvent pointée du doigt pour ses impacts négatifs sur l’environnement.

Première étape : l’échantillonnage

Réaliser un bon échantillonnage constitue l’étape la plus importante pour obtenir une bonne analyse. Il doit impérativement être le plus représentatif possible du ou des stocks de fourrage présents sur l’exploitation. Un échantillon pèse entre 0,5 et 2 kg en fonction de la matière sèche. Ce document fournit plus d'informations sur les techniques d'échantillonnage.

Ce document fournit plus d'informations sur les techniques d'échantillonnage.

Interpréter un bulletin d’analyse

Dans ce webinaire, Antoine Stifkens (ASBL Fourrages Mieux) introduit les principales notions nécessaires pour une bonne interprétation des analyses.

En guise de résumé et de complément, voici un extrait de la 2ème synthèse de la base de données fourrages de REQUASUD (Cugnon, Decruyenaere & Ferber, 2023) qui explique les unités utilisées dans les bulletins d’analyse afin de qualifier la valeur alimentaire des fourrages.

En Wallonie, deux systèmes d’unités coexistent pour exprimer la valeur alimentaire des fourrages pour les ruminants : le système français (INRA) et le système hollandais (CVB). Le tableau ci-dessous reprend les différentes unités rencontrées dans ces systèmes. Les laboratoires de proximité peuvent exprimer la valeur alimentaire des fourrages dans les deux systèmes. Cette particularité est liée au type de bétail auquel les fourrages sont destinés. La caractérisation des fourrages selon les normes hollandaises permet d’établir les rations pour les bovins de type Blanc Bleu belge, animaux pour lesquels les besoins sont exprimés dans ce système. Pour les races françaises comme la Limousine, la Blonde d’Aquitaine, la Charolaise, la Salers, c’est plutôt le système français qui sera utilisé. Le cas des vaches laitières est hybride. Les besoins de ces animaux sont définis dans les deux systèmes si bien que l’un ou l’autre peut être mobilisé pour établir les rations.

ParamètreSystème françaisSystème hollandais
Unité fourragère (valeur énergétique) , ,
Protéines digestibles dans l’intestin (valeur protéïque)
Balance azotée dans le rumen-

Dans les deux systèmes, l’énergie est exprimée en unité fourragère, déclinée en ou pour le lait et en ou pour la production de viande. Dans les deux cas, l’unité fourragère est basée sur la valeur énergétique (kcal/kg ) de 1 kg d’orge de référence. Tous les aliments sont donc évalués par rapport à cette référence. A titre d’exemple, une vache a besoin d’environ 442 ou 0,44 pour produire un litre de lait standard.

Selon le système, les protéines digestibles dans l’intestin sont exprimées en ou . Une vache aura besoin d’environ 50 g de ou 52 g de pour produire un litre de lait standard. Cela est valable uniquement lorsqu’il existe un équilibre entre la quantité d’azote soluble et la quantité d’énergie fermentescible disponible pour la croissance des micro-organismes dans le rumen. Cet équilibre est renseigné par les valeurs et dans le système français et la valeur dans le système hollandais. En fonction de ces valeurs, trois cas de figures peuvent se présenter :

  • = ou ≈0 : caractérise un fourrage/ une ration parfaitement équilibrée. En vache allaitante, l’objectif est d’atteindre une ration avec un proche de 0. En vache laitière, on vise un léger excès d’azote soluble, soit une valeur entre 20 et 30 g d’ /kg de .
  • > ou > 0 : caractérise un fourrage / une ration trop riche en protéines dégradables. La protéine soluble excédentaire (donc l’azote) est gaspillée, ce qui cause une perte économique, un risque pour la santé des animaux (fertilité, mammites…) et une augmentation des rejets azotés dans l’environnement.
  • < ou < 0 : caractérise un fourrage/ une ration déficitaire en protéines dégradables. La digestion des fibres peut être incomplète : celles-ci se retrouvent alors dans les bouses (=gaspillage d’énergie). Le passage de fibres non digérées dans les intestins augmente les pertes d’azote endogène par abrasion des muqueuses intestinales.

Les tableaux ci-dessous permettent d’apprécier la qualité de son ensilage d’herbe ou de son foin sur base de la teneur en matières azotées totales ( ) des valeurs alimentaires et .

Appréciation (g/kg de ) (g/kg de ) (/kg de )
Teneur insuffisante<90<50<750
Teneur faible90-11050-60750-800
Teneur moyenne110-13060-70800-850
Bonne teneur130-14070-80850-900
Très bonne teneur>150>80>900
Valeur interprétation pour l'ensilage d'herbe (système hollandais)
Appréciation (g/kg de ) (g/kg de ) (/kg de )
Teneur insuffisante<60<30<650
Teneur faible60-8030-40650-700
Teneur moyenne80-10040-50700-750
Bonne teneur100-12050-60750-800
Très bonne teneur>120>60>800
Valeur interprétation pour le foin (système hollandais)

Pour comparaison, une herbe fraiche au stade pâturage contient environ 200g de , 1000 et 95 g par kg de . Ces valeurs peuvent varier de +/- 10% selon la saison et les conditions météorologiques.

Les bulletins d’analyse renseignent également la composition chimique des fourrages, qui sert notamment à calculer les valeurs alimentaires expliquées précédemment ( , , , , etc). La composition des aliments est utile pour établir une ration performante et sécurisée : c’est-à-dire une ration qui répond aux normes d’ingestion de matière sèche, de fibres et de teneur en sucres et amidon tout en limitant les risques d'acidose.

L’acidose est une perturbation de l'équilibre du rumen de la vache qui se traduit par une acidification par accumulation d’acide lactique. L’acidose favorise le développement d’une flore microbienne acidophile qui est moins capable de digérer la cellulose.

Le tableau ci-dessous détaille chacun de ces composants (adapté de Cugnon, Decruyenaere & Ferber, 2023).

Acr.NomExplicationInterprétation
Matière sècheParamètre important à relier à la capacité d’ingestion des animaux pour établir une ration  Valeurs cibles fonction du type de fourrage : foin (>80% ; ensilage maïs et herbe (>30%) ; ensilage d’herbe préfanée (>40%).
Matières azotées totalesIntervient dans l’estimation des protéines digestibles dans l’intestin ( ou ) et du bilan des protéines dégradables ( ).Un bon ensilage d’herbe devrait contenir au moins 15% de . Doit être interprétée avec la valeur . Plus l’ est positif, plus la part d’azote soluble dans les augmente. Un fourrage contenant 15% et un proche de 0 sera de meilleure qualité qu’un fourrage à 20% et un de 70g/kg de .
DMODigestibilité de la matière organiqueLa DMO indique la part de matière organique qui est digestible.Une DMO élevée influence positivement  la valeur énergétique du fourrage et son ingestibilité.
CBCellulose bruteLa CB traduit la teneur en fibres du fourrage. Les fibres contribuent à la valeur énergétique et à la valeur de structure d’un fourrage..Une teneur en fibre élevée s’accompagne d’une digestibilité et valeur énergétique plus faible. Une teneur en fibre trop faible (>18%) entraîne un mauvais fonctionnement du rumen et de mauvaises performances des animaux.
SSSucres solublesSource d’énergie facilement mobilisable pour les animaux.Un fourrage sucré (>100g sucre/kg de ) est mieux appété par les animaux. Cependant, un excès de sucre (>5% dans la ration) peut être acidogène.
AmidonAmidonSource d’énergie entièrement digestible. Vitesse de dégradation plus (céréales…) ou moins (maïs, Sorgho) rapide.L’herbe ne contient pas d’amidon. Un bon ensilage de maïs devrait contenir au moins 30% d’amidon.

Cendres totalesQuantifie les minéraux présents dans la plante et  la terre récoltée avec le fourrage.  Elle intervient également dans l’estimation de la valeur énergétique.  Une teneur trop élevée ( > 5 % pour les ensilages de maïs ; > 12 % pour les ensilages d’herbe) indique la présence de terre et occasionne une diminution de la valeur énergétique.
pHPotentiel hydrogèneEvalue le degré d’acidité qui renseigne sur la qualité de conservation des fourrages ensilés.Le pH optimum d’un ensilage dépend de la du fourrage: plus celle-ci est faible, plus le pH doit être bas (voir figure ci-dessous)*. Non applicable pour l’ensilage préfané.  
Rapport NH3/N TOTRapport azote ammoniacal/azote totalIndicateur de l’état de dégradation des protéines de l’ensilage. L’ammoniac est toujours présent dans les ensilages de fourrages, à raison d’au moins 3,5%.Une proportion supérieure à 10 % indique un développement de la flore butyrique et donc le risque d’une plus forte dégradation des protéines.

* La figure ci-dessous donne le pH optimum pour une bonne conservation en fonction de la teneur en .

Pour aller plus loin

Envie d’en savoir plus sur les analyses de fourrages, leur interprétation et les pratiques mises en œuvre par les agriculteurs du réseau Terraé pour améliorer la qualité des fourrages ? Retrouver notre second webinaire sur le sujet où nous prenons le temps de comprendre les résultats d’analyses réalisées dans le réseau et au cours duquel certains agriculteurs témoignent sur la gestion de leurs fourrages.

Écrit le

Dernière modification